Notre analyse de la crise est confirmée par les faits : la révolution n’arrive pas et les réformes n’aboutissent à rien. En fait, tout indique de plus en plus qu’il est probablement trop tard pour sauver le monde tel que nous le connaissons.
Un probable effondrement civilisationnel
En particulier, les dégradations de l’environnement sont déjà trop avancées pour qu’on puisse encore faire marche arrière. Une analyse des données scientifiques à notre disposition témoigne qu’un effondrement civilisationnel est probable. Il ne faut pas nous faire d’illusion : les civilisations sont mortelles, la nôtre pas moins que les autres. La réduction de notre niveau de vie adviendra donc sans doute, que nous le voulions ou pas.
L’heure n’est donc malheureusement plus à la décroissance choisie à grande échelle. Il est trop tard pour espérer que de la somme des solutions locales puisse encore émerger une solution globale.
Que peut-on encore sauver ?
Comme face à une maladie incurable, il n’y a pas de solution, mais il y a des choses à faire. Si, localement, nous choisissons dès maintenant de nous acheminer progressivement dans cette décroissance technologique et dans cette réduction de notre niveau de vie, nous pourrons les organiser plutôt que de les subir plus tard de manière forcément plus brutale.
Ceux qui choisiront de se préparer de cette manière auront davantage de chances de s’en sortir si l’effondrement civilisationnel advient effectivement, c’est-à-dire de conserver une vie heureuse et digne d’être vécue, pour eux et pour leurs proches.
Mais il ne s’agit pas seulement de survie individuelle. Ce qui nous motive est bien plus large ; c’est de préserver, dans cet effondrement à venir, quelque chose qui nous dépasse : des valeurs, une culture, une civilisation, bref l’héritage dont nous sommes porteurs. Notre projet dépasse donc très largement le simple survivalisme.
Enfin, la Haute Haie a vocation à être un refuge pour la biodiversité. Cela peut sembler peu de choses : qu’est-ce qu’un petit îlot préservé au milieu d’un monde dévasté ? Loin de ce défaitisme, il nous semble que chacun, à son échelle, peut faire son possible pour offrir à quelques fleurs, à quelques abeilles et à quelques oiseaux de vivre un peu plus longtemps.
La Haute Haie : un refuge parmi d’autres ?
La Haute Haie doit donc devenir un refuge – pour nous, pour un héritage culturel et pour la biodiversité. Pour ceux qui ont la référence, nous dirions que ce que nous voulons construire, c’est un lieu qui ressemblerait à la fois à la maison de Beorn, à celle de Tom Bombadil et à celle d’Elrond.
En ce sens, nous nous considérons comme des résistants. En France et dans le monde, bien d’autres lieux se rattachant à l’écologie radicale, à la décroissance ou au survivalisme sont également des refuges qui préparent l’après-pétrole et participent à la même résistance. Ce qui nous différencie de beaucoup d’entre eux, c’est que nous cherchons également à faire évoluer les mentalités par un travail intellectuel, spirituel et moral.
Cela, bien sûr, n’enlève rien à l’utilité de ces autres refuges : au contraire, plus nous serons nombreux, plus nous avons de chances que les choses se passent au mieux après l’effondrement. Il est donc souhaitable que se multiplient les communautés résilientes, qu’elles se revendiquent ou non de Tol Ardor, et qu’elles commencent à échanger entre elles afin de se constituer en réseau.
La suite : Un laboratoire d’idées et un contre-modèle.